Jean-Luc Romero-Michel en 6 questions.

– Qui est Jean-Luc ? 

Je m’appelle Jean-Luc Romero-Michel. Je suis un militant associatif contre le sida, pour les droits des personnes LGBTQIA+ et le droit de mourir dans la dignité. Je suis aussi un élu, actuellement adjoint à la maire de Paris en charge des Droits Humains, l’Intégration et la lutte contre les discriminations.

– Quelles sont les personnes qui vous inspirent ?

Plusieurs personnalités m’ont inspiré, Nelson Mandela, pour sa force et sa volonté de réconcilier des gens si opposés ; le juge Edwin Cameron, qui osa dire sa séropositivité en Afrique du Sud et a inspiré ma propre révélation; le Général de Gaulle pour son esprit de résistance et son sens de l’État; Marguerite Yourcenar et Armistead Maupin. Pour ces deux derniers écrivains, leurs livres m’ont aidé à m’accepter, à vivre et à supporter les épreuves de la vie. Pour conclure il y a multitude de personnes du quotidien qui m’inspirent comme certain.e.s de mes ami.e.s ou des acteur.ice.s engagé.e.s dans la défense de l’égalité.

– Quel héritage voulez-vous laisser et comment cela a-t-il impacter vos actions publiques et personnelles ?

Toute ma vie militante et ma carrière ont été inspirées par l’humanisme et le progressisme. J’aurai utilisé mes différences et mes handicaps pour faire avancer les causes qui me tenaient à cœur. Venant d’un milieu très modeste et d’origine étrangère, j’espère que mon exemple prouvera qu’on peut faire avancer ses causes et ses rêves, malgré bien des handicaps et les épreuves de la vie.

– Vous êtes-vous déjà dit : « Ça y est, j’ai enfin réussi à réunir mes engagements personnels et professionnels » ?

Au moment du mariage pour tous (et de mon mariage avec Christophe), j’étais si comblé que j’avais l’impression de vivre un aboutissement. Je repensais à ces années de cendre avec la mort de tous mes ami.e.s du sida, qui n’auraient jamais imaginé connaître une telle avancée.

Aujourd’hui je reste positif sur l’avenir. Même si on à l’impression de reculer; il faut regarder le passé pour voir à quel point on a avancé. La lutte ne finira jamais, mais profitons aussi de ce qu’on a. Car les petits bonheurs nous permettent de tenir et de faire de grande choses.

– On fête 40 ans de lutte contre le vih en France; avec le livre “Virus de vie“, vous avez révélé votre séropositivité. Quel regard avez-vous sur l’évolution de la sérophobie .

Récemment, AIDES publiait un sondage de l’IFOP indiquant que 11% des Français pensaient qu’il fallait isoler les séropositifs… 1 Français sur 10 !

Les progrès scientifiques contre le sida ont été considérables – on a aujourd’hui la même espérance de vie que les séronégatifs ! « Indétectable = intransmissible » … Mais les progrès sociétaux ne sont pas là.

Dire sa séropositivité reste très difficile. En 2025, je suis d’ailleurs le seul élu en activité à l’avoir fait… Certains dirons que courageux… c’est surtout servir d’exemple pour atténuer la haine et la peur.

– On ne pouvait conclure sans vous demander « Qu’est-ce qui vous fait sourire et vous sentir bien, malgré toutes les épreuves que vous avez vécues ? »

Voir des jeunes LGBTQIA+ vivre mieux leur vie que ce fut le cas pour moi m’émeut. Tous nos combats n’ont pas été inutiles. Retrouver les lieux de ma jeunesse à Béthune me rend serein et passer du temps en Thaïlande, où je rêve de finir mes jours et de m’y éteindre, me rend heureux. Vraiment…

– Un dernier mot .

La vie est dure. Très dure. Mais, elle offre de merveilleux moments qu’il faut savoir savourer. Aimez la vie et profitez de chaque seconde. Et moquez-vous du jugement des autres…

crédits photos : Archives de Jean-Luc Romero- Michel